Publié le 27 avril 2020 Mis à jour le 27 avril 2020

Un texte de la Minute Recherche par Isabelle Savary-Auzeloux (UNH, unité mixte de recherche INRAe / Université Clermont Auvergne).

La consommation de fibres alimentaires par la population française est insuffisante (environ 20g/jours) et inférieure aux recommandations du Plan National Nutrition Santé (PNNS) qui est de 30 g/jour. Cette faible consommation de fibres alimentaire est corrélée, en parallèle de la surnutrition, au développement de l’obésité, du diabète et des maladies cardiovasculaires.

Dans le cadre de travaux menés par l’Unité de Nutrition Humaine (Clermont Ferrand), une formulation innovante de pain enrichi en fibres fermentescibles a été mise au point. Dans ce pain, 23% de la farine a été substituée par un mélange d’inuline, d’amidon résistant et de pectine. L’efficacité de cet aliment a été testée chez des mini porcs en phase de développement d’une obésité induite par l’ingestion d’une grande quantité d’un régime enrichi en graisses et saccharose. La consommation journalière de pain enrichi en fibres fermentescibles, dans ces conditions de surnutrition et de développement d’obésité, a permis de limiter la prise de poids et l’accumulation de lipides dans le foie. Plus précisément, les fibres fermentescibles ont permis de limiter l’entrée des lipides et leur synthèse dans le foie, sans toutefois modifier leur dégradation. Ces phénomènes pourraient être expliqués par l’effet prébiotique des fibres, à savoir leur capacité à stimuler d’une part l’activité de la microflore intestinale et d’autre part la synthèse d’Acides Gras à Chaines Courtes (AGCC) (propionate et butyrate en particulier). En effet, une augmentation de la présence de ces AGCC dans les fécès et dans le sang drainant l’intestin (sang portal) chez les animaux nourris avec les pains enrichis en fibres relativement aux animaux témoins a par ailleurs été mise en évidence. Les mécanismes par lesquels les AGCC ont modulé le métabolisme hépatique sont à l’étude, ainsi que leurs effets sur d’autres tissus comme le muscle.

À terme, nous envisageons de valider chez l’Homme l’effet bénéfique de ces pains enrichis en fibres fermentescibles (développés avec l’Unité Biopolymères, Intéractions et Assemblages (Nantes, G Della-Valle)). Inclus dans l’alimentation, ces pains enrichis pourraient ainsi être des compléments efficaces permettant d’atteindre les recommandations du PNNS (30g/jour) tout en limitant les dérives métaboliques induites par des régimes trop riches en énergie.
 
 
Autres laboratoires partenaires :
  • INRA, UR370 Qualité des Produits Animaux, Clermont Ferrand
  • INRA-UCA, UMR 454 MEDiS Clermont Ferrand
  • INRA, UMR 1319 Microbiologie de l'Alimentation au Service de la Santé Humaine, Jouy en Josas